Israel est un pays qui a toujours fait rêver. Du désert qui fleurit, en passant par l’image pastorale des kibboutz, Israel a souvent incarné le meilleur de l’air du temps. Depuis dix ans, les kibboutz sont bien oubliés ; les fleurs du désert également. Depuis dix ans, Israel produit des start-ups comme la France des baguettes. Beaucoup se désolent du changement : on serait passés d’une société qui incarnait la solidarité et la vie en communauté, à une société dont les valeurs clés sont l’innovation et la performance. Je ne souscris pas à cette désolation de bon ton. Je pense que l’ADN idéaliste d’Israel est toujours là, il a juste été modifié pour survivre au XXIe siècle. #WelcometoIsrael.v4.0# D’un point de vue philosophique, il est aisé d’identifier la start-up comme le dernier ressort, socialement acceptable, pour essayer de changer le monde après que toutes les grandes idéologies du siècle dernier ont échoué. Qui oserait aujourd’hui se réclamer d’une idéologie quelconque sans passer pour un idiot naïf ou simplet ? En revanche, le lexique usuel des start-ups abonde des expressions suivantes : « faire une différence », « avoir un impact positif », « révolutionner » le secteur ou «changer la donne ». L’aspiration idéaliste par essence de réparer le monde, dans l’esprit du Tikkun Olam juif est toujours présente, elle a simplement revêtu d’autres atours, plus adaptés à notre époque. Je pense que c’est la nature profondément idéaliste et « révolutionnaire » des start-ups qui explique que les Israéliens excellent en la matière.On ne peut pas s’empêcher de vouloir changer le monde. Et si à notre ère de capitalisme désinhibé, cela signifie également gagner quelques millions au passage, ma foi, pourquoi pas ?
#2020
Comments