Les tsitsit de Nathan volent, sautent, et retombent au rythme de ses jeux d’enfant. Mon petit garçon est constamment suivi d’un enchevêtrement de fils blancs. Les tsitsit sont sensés rappeler aux hommes la présence divine. Je préfère croire qu’ils leur rappellent la tendresse des mères tissant avec patience les fils entrelacés de l’enfance : jeux, goûters, et histoires du soir. Mères attentives, cherchant sans relâche le fil conducteur de chaque enfant, celui qui indiquera une vocation, un talent, une passion. Un fil sur lequel broder le motif qui deviendra une tapisserie colorée : la vie d’un petit garçon, accompagné pour toujours de quelques brins d’amour maternel. N’écoute pas ce qu’on te dira à l’école, Nathan. Tes tsitsit ne sont rien d’autre que les fils de ma tendresse, les filigranes de nos souvenirs. Un fil pour tes un an, un deuxième pour ta première dent, et un millième pour les mille baisers déposés sur tes petits bobos. File droit mon fils, et continue de dévaler les escaliers, suivi des petites franges de ton tsitsit qui me font irrésistiblement penser aux plumes protectrices de ta maman poule, ou à une bobine de laine que je démaille entre nous, pour être toujours liée à toi, même quand je suis loin.
Les filigranes de ma tendresse
Updated: Jun 24, 2020
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